Jadis, l’installation d’une barre pour empêcher l’utilisation d’une porte, notamment la porte d’entrée d’une maison, était commune. Désormais, la plupart des maisons sont équipées d’une serrure, qui requiert l’usage d’une clef pour déverrouiller de l’extérieur, souvent aussi pour verrouiller.
Si désormais dans la Francophonie en général, on ferme sa porte à clé, au Québec, on barre encore sa porte, en dépit de l’évolution de la technique de blocage. On pourrait dire que la langue n’a pas suivi la technologie.
Cet exemple est assez localisé, mais je suppose qu’il doit en exister d’autres, certains régionaux, mais peut-être aussi d’autres d’usage plus universel; certains très anciens, mais d’autres probablement récents.
En cherchant un peu, j’ai trouvé les verbes embarquer et débarquer, initialement les actions de monter à bord ou de descendre d’une barque. À mesure que les bateaux se firent plus grands, on persista avec ces verbes. Éventuellement, ces verbes s’appliquèrent aussi pour désigner les montées et descentes de tout type de véhicule, même terrestre ou aérien.
Ces histoires de véhicules me menèrent par la suite à la notion d’atterissage, qui inclut le mot « terre » dans sa formation, et a jusqu’au milieu du XXe siècle suffi à décrire tous les types d’arrivées sur un sol solide jusqu’alors expérimentées par l’humain. Lorsque certains corps célestes furent visités, par des sondes spatiales au début, puis par des humains, on commença à se demander si « atterrissage » était vraiment le mot qui convenait, d’où l’apparition dans la langue française du concept d’alunissage. L’Académie française et l’Académie des sciences blâment cette néologie, et je ne peux personnellement qu’approuver cette opinion. Si l’on s’engageait dans cette voie, nous aurions bientôt des termes ultra-spécialisés comme avénussir ou aplutonnissage, ou alors des termes plus génériques comme aplanètissage ou acomètir. Il convenait probablement en ce cas que la langue ne suive pas la technologie.
Je serais curieux de connaître d’autres exemples de mots ou d’expressions qui n’expriment plus forcément la réalité technologique qui a originellement présidé à leur création.